Il y a certainement beaucoup de questions à se poser sur les raisons qui ont provoqué, du temps de la Troïka, la chute vertigineuse de la diplomatie tunisienne. En cette période sombre de son histoire, la Tunisie avait lâché ses fondamentaux et commis l’énorme erreur de se laisser entraîner dans une spirale à travers laquelle il lui était impossible de se relever. Après avoir longuement perdu son statut, la Tunisie peut aujourd’hui compter sur ses hommes et ses femmes pour se réhabiliter. Exception faite cependant de ceux qui lui avaient causé du tort. Ceux qui sont sortis du bois pour apporter leurs «compétences». Les «sauveurs» de l’époque feraient mieux de ne pas en rajouter une couche aujourd’hui.
Mais en même temps, on ne saurait passer sous silence, même plus d’une décennie après, les mauvais usages de la politique de non-alignement, de la non-ingérence dans la souveraineté des pays. On ne saurait passer sous silence comment la politique de non-alignement était bafouée, voire outragée, par les gouvernants de l’époque, et à leur tête Moncef Marzouki, en ce temps-là président provisoire.
Il y a pourtant un paradoxe dans tout cela : si, parfois, les difficultés permettent quand même d’avancer, celles qu’avait connues la Tunisie sous le règne de la Troïka ont tout simplement compromis les acquis et les valeurs de toute une histoire, de tout un passé. La Tunisie était tombée tellement bas qu’il lui avait été pratiquement impossible de se relever en ce temps-là.
On ne saurait leur pardonner le fait d’avoir transformé la Tunisie en une plateforme pour la diffusion de la pensée obscurantiste. Notamment l’envoi des jeunes Tunisiens dans les foyers de tension. Pas seulement en Syrie, mais aussi en Irak et en Libye.
On ne saurait, enfin, jusqu’à aujourd’hui encore, et au moment où Bachar al-Assad fait son grand retour sur la scène politique arabe, admettre le fait que la Tunisie s’était transformée sous le règne de la Troïka en une base arrière de conspiration contre la Syrie, mais aussi contre la pensée et l’appartenance arabes. Ceux qui prétendaient être les amis de la Syrie n’avaient fait en réalité qu’accroître la souffrance de son peuple durant de longues années. La Tunisie mais aussi la Syrie ne leur pardonneront jamais.
La rupture des relations diplomatiques avec la Syrie et tout le préjudice que les gouvernants de l’époque avaient causé à la réputation et à la crédibilité de notre pays avaient fait perdre à la Tunisie la place et le rôle prépondérants qu’elle a toujours su préserver face aux différentes tensions que le monde avait connues.
12 ans après, il n’y a pas que la Syrie qui regagne sa place au sein de la Ligue arabe. Mais aussi la Tunisie qui retrouve son rôle de prédilection sur la scène diplomatique. L’on a ainsi compris que les relations étrangères de la Tunisie ne doivent plus être gérées de la même façon qui a précipité leur déclin sous le règne de la Troïka. Il est clair que les personnes à l’origine de cette descente aux enfers n’ont plus aujourd’hui leur place.
Redonner aux choses leur juste valeur et les remettre à leur place réelle. Voilà l’impératif actuel de la Tunisie. Pas seulement de se revendiquer différemment, mais aussi et surtout de redevenir elle-même…